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Manufacturiers

Compétition : Michelin met la main sur Canopy Simulations

Publié le 19 mai 2023

Par Romain Baly
3 min de lecture
Le groupe tricolore renforce son organisation dédiée au développement des pneus de compétition. Michelin vient d'acquérir la société britannique Canopy Simulations dont les logiciels reproduisent notamment le comportement d'un pilote de façon virtuelle. Un vrai plus dans la mise au point de nouvelles enveloppes.
En reprenant Canopy Simulations, les équipes de Michelin Motorsport vont pouvoir affiner la mise au point des pneumatiques en s'appuyant, parfois pendant de longues heures, sur un pilote virtuel. ©Michelin

Organisée les 10 et 11 juin 2023, la centième édition des 24 Heures du Mans impliquera une nouvelle fois Michelin. Le manufacturier clermontois sera en effet encore de la partie en tant que fournisseur exclusif des hypercars. Tout le plateau de cette catégorie chaussera ainsi des gommes signées Bibendum, fruit de son savoir-faire et de l'évolution technologique. Dit autrement, 100 % des hypercars alignées dans la Sarthe rouleront avec des pneumatiques conçus sur simulateur.

Une technologie utilisée chez les manufacturiers aussi bien pour le développement de pneus sportifs de série que de compétition. Et à ceux qui pointent une déshumanisation du geste, Michelin et consorts rétorquent avec pragmatisme des éléments très concrets. La mise au point virtuelle permet ainsi de limiter les coûts, de gagner du temps, de se montrer plus flexible dans le processus de développement, de fabriquer moins de préséries, ou encore de réduire l'impact environnemental de tout ce travail.

A la pointe de la technologie

Le groupe tricolore connait bien le sujet pour l'avoir amorcé dès 2005 avec le programme "Tame Tire". Aujourd'hui, il dispose d'un simulateur à Clermont-Ferrand (63) et s'appuie sur ceux d'AO Tech, filiale d'ART Grand Prix (structure connue pour avoir lancé en monoplace Lewis Hamilton, Sébastien Vettel ou plus récemment Charles Leclerc), en région parisienne. En modélisant mathématiquement le pneumatique, ce type d'outils va permettre à Michelin d'affiner sa proposition.

 

Matthieu Bonardel, directeur de la division Motorsport. ©Michelin

 

"Aujourd'hui, les outils qu'on utilise sont parmi les plus perfectionnés du marché, précise Matthieu Bonardel, directeur de Michelin Motorsport. Les résultats qu'on obtient s'avèrent tout à fait pertinents". Et ce dernier d'illustrer la démarche : "Grâce aux simulateurs, on peut désormais développer un pneu avant même que la voiture soit prête". Aux confins de la physique, des mathématiques et de l'informatique, cette technologie devient donc un point d'appui incontournable pour tout le microcosme de la course automobile.

Dédier le "vrai" pilote à des tâches plus nobles

Reste toutefois une limite à celle-ci : le pilote. Aujourd'hui, l'essentiel de cette étape dépend du coup de volant d'un pilote chevronné. Ce dernier travaille comme s'il était dans sa voiture. Il reproduit les mêmes gestes, et croise son ressenti aux données remontées par le simulateur. "Sauf que rouler virtuellement pendant quatre ou six heures et multiplier les relais n'a rien de très captivant pour le pilote qui pourrait se concentrer sur des tâches un peu plus nobles", ajoute Matthieu Bonardel. D'où l'idée d'avoir recours à un pilote virtuel.

C'est précisément pour répondre à cette problématique que Michelin vient d'acquérir la société britannique Canopy Simulation. Décrite comme "la leader mondial de la simulation du temps au tour", celle-ci a développé un logiciel reproduisant le comportement d'un pilote virtuel. En compétition, cet avatar réalise les tâches les plus standardisées. "Il simulera, par exemple, les quatre heures de conduite nécessaires pour compléter quatre relais au Mans et évaluer ainsi la constance des pneus", explique Michelin.

 

Si le groupe dispose d'un simulateur à Clermont-Ferrand, il s'appuie également sur ceux d'AO Tech, filiale d'ART Grand Prix, en région parisienne. ©Michelin

 

L'humain ne sera jamais très loin

Mais le savoir-faire de Canopy Simulation servira aussi, à plus grande échelle, sur la route. Comme le souligne le groupe tricolore, cette technologie permettra aux constructeurs automobiles d'affiner la mise au point de leurs véhicules. Le pilote virtuel pourra rouler selon différentes configurations de conducteurs, d'utilisations de la voiture et de pneumatiques. Reste un enjeu évoqué précédemment. Celle de la déshumanisation de l'automobile comme de la compétition.

Au sujet du développement des enveloppes roulant au Mans et ailleurs, les équipes de Bibendum rappellent que l'humain aura toujours le dernier mot. La validation finale de la configuration continuera de dépendre du pilote et de ses ingénieurs. De façon plus globale, Matthieu Bonardel juge que "le sport auto est avant tout une histoire de passion et d'émotions. On a besoin du public et le public appréciera toujours davantage un "vrai" pilote qu'un ordinateur".

 

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