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Marché

De 0,7 à 37 % de part de marché en dix ans… La folle évolution du toutes saisons

Publié le 26 mai 2025

Par Romain Baly
3 min de lecture
La présentation de la troisième génération du CrossClimate de Michelin est une occasion de se pencher sur l'incroyable évolution de ce marché en France depuis dix ans. Boosté par Bibendum et renforcé par de nombreux autres manufacturiers, le segment du toutes saisons a pleinement trouvé sa place et pourrait représenter à terme plus d'une vente sur deux.
En dix ans, le segment des pneus toutes saisons a trouvé sa place en France jusqu'à devenir aujourd'hui un produit incontournable du marché. ©AdobeStock-Katarina

Voilà un sujet à enseigner dans toutes les écoles de marketing ! Devenu ces dernières années un produit incontournable sur le marché du pneumatique français, le toutes saisons est pourtant parti de très loin sur notre territoire. Son ascension, aussi fulgurante qu'imposante, n'en est ainsi que plus incroyable. La présentation récente par Michelin de son CrossClimate 3, produit star du marché, référence absolue et détonateur de sa montée en puissance, constitue une belle occasion de revenir sur la trajectoire singulière de ce segment.

D'un point de vue historique, le toutes saisons est à mettre au crédit de Goodyear qui, en 1977, lança avec le Tiempo le premier pneumatique du genre aux États-Unis. Cette enveloppe polyvalente offrait le meilleur compromis entre été et hiver. Mais ses performances limitées, de surcroît dans des conditions climatiques difficiles, l'ont longtemps cantonné au seul marché nord-américain.

Si Vredestein fut l'un des premiers à miser sur cette technologie sur le Vieux Continent, l'appétence des automobilistes européens pour des enveloppes de qualité et le poids de grandes marques qui ne s'en préoccupaient pas dans cette région ont relégué pendant des années le toutes saisons à une niche. Il faudra en réalité attendre les années 2010 pour que l'Allemagne, le Benelux ou encore l'Italie s'y intéressent progressivement.

Bibendum, le facteur X

En France, comme déjà rappelé dans nos colonnes, le facteur X tient dans le lancement en 2015 du premier CrossClimate. À la fin de l'année précédente, les ventes de toutes saisons ne pesaient dans l'Hexagone que 0,7 % du marché. Avec l'arrivée de Michelin, une brèche s'est ouverte. La qualité du produit, le savoir-faire marketing de Bibendum et la confiance quasi absolue des conducteurs tricolores envers le clermontois ont fait sauter toutes les digues.

En 2020, alors que la pandémie fit chuter les ventes, ce segment affichait une croissance de 5 % pour une part de marché de 14 %. En 2023, sa croissance s'élevait à 20 % et son taux de pénétration à 32 %. En 2024, il affichait encore une croissance à deux chiffres (+19,2 %) et atteignait un nouveau niveau historique avec 37 % des ventes totales, contre 53 % pour l'été et 10 % pour l'hiver… Aujourd'hui, les observateurs, qui ont à peu près tous revu leurs prédictions à maintes reprises, prédisent que le toutes saisons pèsera à moyen terme plus d'une vente sur deux en France.

Une offre plus large et plus accessible

Derrière cette dynamique se trouve bien sûr le CrossClimate. Premier toutes saisons en France comme en Europe, première vente de Michelin tous segments confondus, le pneu clermontois demeure la véritable locomotive du marché. Mais derrière lui, pas un seul manufacturier ne passe à côté du phénomène. Les premium, bien sûr, qui pour la plupart s'appuient désormais sur une offre à plusieurs étages, mais aussi les marques quality et budget, et même celles de distribution, proposent une gamme toutes saisons.

De fait, en s'élargissant, ce segment a accéléré sa croissance (le choix étant plus vaste) tout en se rendant plus accessible (grâce aux offres de secondes lignes). Dans son dernier relevé annuel, le Syndicat du Pneu notait ainsi que l'écart de prix entre l'été et le toutes saisons s'était largement réduit ces dernières années. À fin 2024, ces deux segments présentaient des tarifs moyens équivalents (103 euros TTC).

Le contexte favorise le toutes saisons

Autres points importants qui justifient aussi la dynamique de ce marché, les qualités intrinsèques ou perçues de ces pneumatiques tout autant que le contexte ont grandement contribué à son développement. La notion de commodité, en évitant les changements saisonniers, ainsi que la sécurité, avec des performances globalement homogènes tout au long de l'année (même si un pneu hiver restera la meilleure solution en hiver…) demeurent des facteurs majeurs dans le choix des usagers.

Vient également la loi Montagne. Appliquée chaque saison du 1er novembre au 31 mars dans 34 départements tricolores, cette mesure ne fait toujours l'objet d'aucune sanction pour les contrevenants. Mais sa connaissance et son assimilation progressent de façon constante. Et cette loi a sans aucun doute favorisé l'adoption de pneus toutes saisons certifiés 3PMSF, notamment pour les automobilistes n'étant que de passage dans les zones concernées.

Aujourd'hui, tous les indicateurs sont au vert pour le toutes saisons avec un marché toujours porteur, d'indéniables perspectives de croissance et des manufacturiers pleinement concernés. Comme l'a rappelé Cyrille Roget, directeur de la communication scientifique et innovation de Michelin lors de la présentation du CrossClimate 3, "on est encore loin d'avoir tout inventé". Une vision vraisemblablement partagée par ses confrères, rendant le sujet captivant pour encore un long moment.

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