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Marché

Dominique Stempfel, SdP : "Nous devons promouvoir notre filière"

Publié le 28 février 2024

Par Romain Baly
4 min de lecture
À la tête du Syndicat du Pneu depuis 2020, Dominique Stempfel a été réélu fin 2023 pour un second mandat. L’occasion de faire avec lui le bilan des trois dernières années et de se projeter sur les prochaines.
Dominique Stempfel, président du Syndicat du Pneu. ©JDP

Vous clôturez votre premier mandat à la tête du Syndicat du Pneu. Dans quel contexte ces trois années se sont-elles déroulées ?

Le pneumatique traverse une formidable période de mutation, qui fait évoluer sa technologie avec des conséquences sur sa commercialisation. Il ne fait plus aucun doute, pour tous les acteurs de l’automobile, que le pneumatique sera l’enjeu majeur de l’après-vente de demain. Concernant le poids lourd, le pneumatique communicant accompagnera les transporteurs dans la gestion de leur activité. Cette transformation doit s’effectuer avec la nécessaire prise en compte de contraintes environnementales très exigeantes.

Nous avons souhaité accompagner ces évolutions en adoptant une dénomination plus lisible, "Syndicat du Pneu", qui positionne le pneumatique comme un élément majeur de la mobilité et qui indique que nos messages s’adressent aussi au grand public. Pour démontrer que la filière est innovante, nous avons mis en œuvre en 2023 plusieurs événements autour d’un thème commun et fédérateur, "Pneu & Innovation".

Le pneu a en effet repris une place majeure dans les grands rassemblements du secteur. Pouvez-vous nous rappeler ce qui a été mis en place lors des derniers salons ?

Tout d’abord, le salon Equip Auto, déplacé à Lyon en septembre 2023, nous a offert l’opportunité de mettre en place le village "Pneu & Innovation". La plupart des manufacturiers, des réseaux de revendeurs, des distributeurs et quelques acteurs périphériques ont répondu à l’appel. La formule économique que nous avons proposée a vraiment convaincu les exposants. À la demande générale, le concept sera reconduit à Paris en 2025.

Ensuite, le salon Solutrans dédié au transport, organisé deux mois plus tard, nous a permis de renouveler l’organisation du village initiée en 2021 et de reconduire les conférences "Pneu & Innovation", permettant d’échanger sur les profondes mutations qui touchent le produit et ses services. Par ailleurs, en association avec trois réseaux, nous avons mis en place un stand dédié à la promotion des métiers du pneumatique, au recrutement et à la formation, pour apporter des solutions face à la lourde problématique rencontrée par nos adhérents.

Quelles autres actions significatives avez-vous menées envers vos adhérents ?

Les "Webipneu", qui décryptent le marché, sont désormais un rendez-vous incontournable pour nos adhérents trois fois dans l’année, riches d’enseignements grâce à des enquêtes et statistiques très détaillées. Les manufacturiers, en particulier, se montrent très assidus.

Nous organisons également deux fois par an nos Rencontres du Pneu, ouvertes aux acteurs de l’automobile et du transport, qui touchent un public de plus en plus important grâce à l’élargissement des sujets et à la présence d’intervenants très pertinents.

Et du côté du grand public ?

La chronique "Parlons pneu, parlons bien" sur Sud Radio a rencontré son public, comme en témoigne l’audience grandissante avec 120 000 auditeurs réguliers, ainsi que les nombreuses questions d’auditeurs. Nous sommes accompagnés par les experts des manufacturiers, des réseaux et des acteurs périphériques qui contribuent à donner aux auditeurs une information pédagogique visant à mieux faire connaître le pneumatique et son influence sur la sécurité.

Quelle est votre feuille de route pour 2024 ?

Les actions mises en œuvre en 2022 et 2023 se poursuivront cette année et évidemment au-delà, puisque certains sujets s’inscrivent sur du long terme. Comme nous le faisons au sein de l’U2M avec la FFC et l’Unidec, avec la FIEV pour Equip Auto, avec la FFVE pour les véhicules de collection, avec Elanova et le TNPF pour notre filière, je souhaite coopérer plus étroitement avec des organisations professionnelles alliées pour mettre en place des échanges de compétences profitables à nos adhérents respectifs et aux utilisateurs. Sachant que nous apportons celles relatives au pneumatique.

Un mot sur l’actualité du moment. Considérez-vous que la loi Montagne est une "affaire classée" ?

Le pneumatique est essentiel pour la sécurité sur la route, et nous avons un rôle important à jouer. Si la loi Montagne semble avoir été comprise par une part grandissante d’usagers, comme l’a démontré la dernière étude commandée au GiPA, le discours officiel est toujours brouillé. Nous allons donc persévérer dans notre action pédagogique pour la sécurité en hiver.

On parle de plus en plus d’écologie dans l’univers du pneu. Quelle est votre position sur ce sujet ?

Le Syndicat du Pneu est un acteur écoresponsable, actif dans la transition écologique. Il doit veiller au bon fonctionnement de la collecte et de la revalorisation des pneus usagés, et à l’équilibre économique entre écocontribution et collecte. Nous devons poursuivre la promotion du rechapage qui, outre ses vertus économiques et écologiques, ajoute l’intérêt d’utiliser une main-d’œuvre non délocalisable.

Et aider les manufacturiers et les revendeurs à promouvoir les innovations et les actions qui contribuent à faire de notre filière une actrice encore plus vertueuse, depuis l’utilisation de matières premières non pétrosourcées pour la fabrication des pneumatiques, par leur utilisation moins énergivore et par la réduction de l’émission de microplastiques, jusqu’à la revalorisation de leurs déchets.

Vous parlez souvent de l’image du pneumatique. Pourquoi cette attention toute particulière ?

Il s’agit d’un sujet hautement stratégique. Nous devons promouvoir l’image de notre filière avec deux objectifs. Le premier consiste à démontrer que le pneumatique est un produit noble, hautement technologique, qui doit être vendu à son juste prix. Les circonstances géopolitiques ne peuvent pas nous laisser espérer aujourd’hui une augmentation du marché, et on comprend bien que plus il y a d’acteurs, plus la compétition est féroce. Considérer le pneumatique uniquement comme un produit d’appel, sans évoquer les notions de sécurité, serait simplement suicidaire pour l’après-vente. Notre action doit constituer un rempart face à ce risque.

Le second objectif est de démontrer que ses acteurs exercent des métiers honorables et passionnants. Ce n’est qu’au travers d’une meilleure image que nous séduirons de nouveaux collaborateurs. Et parce que, quelle que soit la motorisation, la mobilité de demain se fera toujours sur des pneumatiques, nous devons sans cesse rappeler que, contrairement à certains métiers de l’après-vente qui sont en danger, ceux du pneumatique sont des métiers d’avenir.

Un souhait pour 2024 ?

Nous avons besoin de bonnes volontés qui veulent participer activement à nos combats et qui souhaitent contribuer à donner à notre filière une image positive. Je ne peux que les encourager à nous rejoindre.

 

Cet article est extrait du Journal du Pneumatique n°183 de janvier-février 2024.

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