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Marché

Le marché français boosté par le pneu toutes saisons

Publié le 11 septembre 2024

Par Romain Baly
3 min de lecture
Alors que les ventes de pneus ont été en perte de vitesse en 2023 en France, la première moitié de 2024 a été meilleure. Le segment des TC4 a ainsi retrouvé la croissance entre début janvier et fin juin. Dans ce contexte, les enveloppes toutes saisons ont poursuivi leur marche en avant avec un bond de 22,3 %.
Que ce soit en sell in (+5 %) ou en sell out (+4,6 %), les ventes de pneumatiques TC4 ont retrouvé de la vitalité dans l'Hexagone au premier semestre 2024. ©AdobeStock_Milan

Quelques jours après la publication des résultats européens, ceux du marché français viennent de tomber. Et, dans les deux cas, les tendances prêtent à l'optimisme. Après une année 2023 difficile sur le plan continental et national, les ventes de pneumatiques ont retrouvé de la vigueur. D'un point de vue général, le Syndicat du Pneu (SdP) fait état de "tendances positives". L'organisation professionnelle relève que le premier semestre 2024 constitue la meilleure première moitié d'année depuis 2020. Seul bémol : les volumes observés demeurent inférieurs de 9 % à ceux d'avant la crise sanitaire.

Les premium passent en dessous des 50 %

Plus en détails, selon Europool, il s'est écoulé du 1er janvier au 30 juin 15,4 millions de pneus TC4 en sell in (des manufacturiers aux revendeurs). Un chiffre en hausse de 5 % comparé au S1 2023. Ce total comprend 6,8 millions d'enveloppes pour véhicules de tourisme (+3,9 %) et 793 000 pour camionnettes (+6,9 %). S'ajoutent également à ces volumes 449 000 pneus pour 4x4/SUV, segment qui sort comme le grand gagnant de ce semestre avec un bond de 12,8 %.

Du côté des ventes sell out (des revendeurs aux utilisateurs), les données compilées par le Syndicat du Pneu et GfK font état de 8,1 millions d'enveloppes TC4 écoulées. Un chiffre en augmentation de 4,6 % sur un an. Là-encore, tous les types de pneumatiques présentent des bilans dans le vert. Et là-encore, ceux pour 4x4/SUV démontrent leur dynamisme avec une croissance de 12,8 %.

Des niveaux d'usure de plus en plus inquiétants

Au niveau des marques, l'inflation a logiquement pesé de tout son poids sur la situation du marché. En sell out, les premium n'ont progressé que de 1,4 %. Un rythme très inférieur aux quality (+5,7 %), aux MDD (+9,9 %) ou encore aux budget (+5,1 %). Aujourd'hui, les marques premium représentent moins d'une vente sur deux (49 %) avec 3,3 millions d'unités écoulées au premier semestre 2024 contre, par exemple, 4,7 millions au premier semestre 2019.

En outre, un autre changement s'avère perceptible sur le terrain. "Chez les professionnels, il y a une petite musique qui ne cesse de prendre de l'ampleur expliquant que l'état des pneus se dégrade, pointe Dominique Stempfel, président du SdP. De plus en plus de véhicules présentent des niveaux d'usure très, très avancés. Cette situation est inquiétante mais elle s'inscrit aussi dans un contexte d'inflation. Le changement de pneumatiques demeure un achat contraint."

Jusqu'où ira le toutes saisons ?

Sur le plan de la saisonnalité, il est intéressant de noter que le segment toutes saisons continue d'avancer tel un char d'assaut. Le S1 2024 aura vu ce type de pneumatiques bondir de 22,3 % à hauteur de 2,38 millions d'unités. Aujourd'hui crédité d'une part de marché de 35 % et fort d'une dynamique que rien ne semble pouvoir enrayer, le toutes saisons n'a toujours pas atteint son plafond de verre. Où se situe-t-il d'ailleurs ? "Il n'est pas improbable de l'imaginer représenter à terme une vente sur deux" prolonge Dominique Stempfel.

Une croissance qui se fait nécessairement au détriment des deux autres segments du marché. Au premier semestre, l'été a accusé une baisse de 3,8 % et l'hiver de 4 %. Alors que celui-ci devient de plus en plus un produit de niche, le phénomène toutes saisons modifie aussi la structure du pneu tricolore. Dans la mesure où il s'en vend toute l'année, les ventes ont tendance à se lisser de janvier à décembre et les variations saisonnières s'estompent progressivement.

Une vraie rupture

En outre, si les automobilistes ont compris l'intérêt de miser sur une enveloppe à vocation généraliste, leur choix est aujourd'hui aussi guidé par les prix de cette technologie. Tandis que les niveaux de prix moyens pratiqués, quel que soit le canal ou le mode d'achat, ont réellement stoppé leur hausse en 2024, l'écart entre été et toutes saisons s'est lui considérablement réduit. A tel point que le premier coûte désormais légèrement plus cher que le second (133 € contre 132 €).

"C'est une vraie rupture, observe Dominique Stempfel. D'autant qu'à cette évolution des prix s'ajoute une évolution des pratiques avec des revendeurs qui privilégient de plus en plus le toutes saisons pour des raisons de gestion des stocks". Un phénomène aussi boosté par le fait que les automobilistes ont pris le pli de basculer sur cette technologie dès leur premier changement de montes. Enfin, l'offre s'est parallèlement élargie et le toutes saisons n'est plus l'apanage des premium. Sa croissance n'est donc pas prête de ralentir.

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