Goodyear va bénéficier d'une subvention de l’État pour moderniser l'usine d'Amiens
En déplacement dans la préfecture de la Somme, le Premier ministre Jean Castex était de passage, ce jeudi 17 mars 2022, au sein de l'usine Goodyear d'Amiens-Sud. L'occasion pour lui d'annoncer un engagement de 44,6 millions d'euros de la part de l'Etat pour moderniser le site. Cette subvention, qui reste soumise à l'approbation de la Commission européenne, s'inscrit dans le cadre du plan France Relance du gouvernement, destiné à réindustrialiser le territoire et à favoriser l'innovation. Le groupe américain s'est quant à lui engagé à investir 100 millions d'euros supplémentaires.
Pérenniser les emplois
Ce plan permettra de pérenniser les 800 emplois du site "pour au moins les dix prochaines années", comme l'indique le manufacturier dans un communiqué. Il comprend en outre "un programme de formation ambitieux visant à développer les compétences des équipes". "Nous travaillons avec les pouvoirs publics depuis plus d'un an sur ce projet, confirmant l’engagement de Goodyear pour promouvoir les opportunités pour ses équipes et l’attractivité de la région", a indiqué Pierre-Jean Eraud, président de Goodyear France.
"Investir dans notre industrie, c'est retrouver notre souveraineté, c'est être moins dépendant", a déclaré Jean Castex lors d'un discours sur le site de l'usine. "Voyez ce qui se passe en ce moment où un pays décide unilatéralement d'agresser une démocratie", a-t-il développé en référence à la guerre en Ukraine. "Évidemment, on prend des sanctions. Celles-ci montrent la dépendance dans laquelle on se trouve (...) surtout sur les segments industriels."
Des syndicats satisfaits
Les syndicats ont été informés de cet investissement lors d'un CSE mercredi soir. Sans cette subvention, le site était menacé de fermeture "d'ici quatre ou cinq ans" en raison de "la concurrence en Europe de l'Est", a affirmé à l'AFP le président d'Amiens Métropole, Alain Gest (LR), présent sur place. L'argent investi par l'Etat et Goodyear doit permettre de moderniser et digitaliser le site "pour une production plus durable", ont indiqué les services du Premier ministre.
Le secrétaire du CSE, Laurent Douillet (Unsa), s'est félicité auprès de l'AFP d'une "très bonne nouvelle". "On fabriquait 75 % de segments B, des pneus à petite valeur ajoutée, et là on va fabriquer 75 % de segments A, c'est-à-dire du 17 pouces au 21 pouces, ce sont des pneus à haute valeur ajoutée, ça va nous dégager plus de bénéfices", a-t-il relevé.
Le précédent Amiens-Nord
"Je suis content comme tout le monde", a aussi réagi pour l'AFP le député LFI de la Somme, François Ruffin, présent sur le site, pointant toutefois un "cadeau façon père Noël à la veille de la présidentielle". "Il y avait une inquiétude car les produits sur le site étaient très vieillissants (...) Là au moins il y a une garantie donnée pour les prochaines années", a-t-il ajouté.
En janvier 2014, un autre site Goodyear de la ville, l'usine d'Amiens-Nord, spécialisée dans la fabrication de pneus agricoles, avait fermé ses portes, après un bras de fer de plus de six ans entre personnel et direction, entraînant le licenciement de 1 143 personnes. Le groupe américain avait été condamné en mai 2020 pour licenciement abusif par le conseil des prud'hommes, qui avait estimé que les seules difficultés économiques de la filiale française ne suffisaient pas pour justifier le motif économique. Goodyear avait dû verser une indemnité au moins équivalente à six derniers mois de salaire brut à près de 800 salariés qui l'avaient attaqué. (avec AFP)