Le deuxième actionnaire de Pirelli prend du poids
Voilà de quoi faire taire les critiques. Pointé du doigts depuis des mois par les autorités italiennes, l'équilibre des forces au sein de Pirelli a été revu. Camfin, la holding de Marco Tronchetti Provera, est montée au capital du géant des pneumatiques. Une annonce qui intervient six mois après l'intervention du gouvernement Meloni visant à limiter les pouvoirs de son premier actionnaire, le conglomérat public chinois Sinochem.
À l'issue de deux transactions, Camfin a porté sa participation dans Pirelli de 14,1 % à 20,58 %. Une opération bien accueillie mardi 9 janvier 2024 à la Bourse de Milan où le titre montait à l'ouverture de 3 %. Cette montée au capital "renforce le rôle de Camfin et de MTP Spa (sa maison mère, NDLR) en tant qu'actionnaires stables" de Pirelli, qui confirment ainsi "leur confiance dans ses projets industriels" et "leur engagement à les soutenir", indique le groupe dans un communiqué publié le 8 janvier au soir.
PDG de Pirelli pendant plus de 30 ans, Marco Tronchetti Provera a cédé sa place en juillet dernier à Andrea Casaluci. Son influence reste toutefois forte au sein de l'entreprise, dont il est désormais le vice-président exécutif.
Une autonomie à préserver
Pirelli était passé en 2015 sous pavillon chinois à l'issue d'une transaction évaluant l'entreprise à 7,1 milliards d'euros. Un changement qui avait alors suscité en Italie de fortes inquiétudes sur l'indépendance du groupe milanais. Le gouvernement italien a adopté en juin un décret visant à réduire l'influence de Sinochem au sein du fabricant de pneus, sans toutefois le forcer à vendre sa part de 37 %.
Rome a ainsi eu recours au golden power. Un dispositif qui lui confère des pouvoirs spéciaux dans des secteurs considérés comme stratégiques pour le pays. Camfin s'est vu attribuer le droit de proposer le PDG et de désigner quatre des quinze membres du conseil d'administration.
L'actionnaire chinois a été prié de "garantir à Pirelli une pleine autonomie dans la gestion des relations avec les clients et les fournisseurs" et de faire en sorte que la société italienne "ne soit pas soumise aux instructions du groupe Sinochem". (Avec AFP)