Michel Andrey, l’atypique de l’hiver
Quand la passion est plus forte que les années. Du haut de ses 67 ans printemps, Michel Andrey nous le fait très vite remarquer : "Vous savez, j’ai l’âge d’être à la retraite, mais je continue !" Et s’il continue, c’est que le Savoyard est totalement mordu par son sujet. Aussi convaincu que convaincant, il se montre intarissable dès lors qu’il est question de pneumatique. L’objet d’une vie qui fait le sel de la sienne depuis plusieurs décennies.
Avec sa société Andrey Pneus, il compte aujourd’hui parmi les incontournables du marché des pneus hiver de compétition. Michelin, Pirelli, Yokohama ou Avon ne sont pas uniquement des marques qu’il distribue. Ce sont aussi de prestigieuses maisons dans lesquelles Michel Andrey a pu développer son expertise.
"À la base, j’ai découvert ce métier en travaillant chez un pneumaticien, rappelle-t-il. Mais de fil en aiguille, je me suis retrouvé à me spécialiser dans le montage et le service technique pour une société qui distribuait la marque Yokohama. C’est par ce biais que j’ai découvert le monde de la compétition."
Dans un microcosme resserré, les talents ont vite fait d’être repérés et chassés. Sa carrière va ainsi le mener dans les services compétitions de tous les manufacturiers précédemment cités. De quoi bâtir un CV en béton.
Une place à prendre
Fort de ce savoir-faire, Michel Andrey, lui-même pilote de rallye amateur, lance en 2004 l’entité Andrey Sport Events et prend ainsi la tête d’une équipe évoluant en championnat d’Endurance. Quelques années plus tard, alors que le commerce de pneumatiques sur Internet prospère, le dirigeant diversifie son activité.
"Quand vous faites de la compétition, soit vous avez un budget important et vous pouvez vous permettre de n’acheter que des pneus neufs, soit vous avez des moyens plus limités et vous vous tournez vers des pneus d’occasion", explique-t-il.
L’un dans l’autre, il y a une place à prendre et Andrey Pneus, qui voit le jour sous sa forme actuelle en 2011, va se positionner sur ce marché en se concentrant plus spécifiquement sur les enveloppes hiver. Un univers où les volumes, au demeurant restreints, s’avèrent diamétralement opposés à l’importance du conseil et de l’accompagnement proposés par de rares spécialistes comme Michel Andrey.
"Ce que ma société propose, mes clients pourraient très bien l’obtenir directement chez un manufacturier. Mais en se tournant vers moi, ils savent ce qu’ils viennent chercher, à savoir cette expertise technique et cet accompagnement sur mesure."
Burzet, l’atout maison
Aujourd’hui, Andrey Pneus rayonne dans le monde du sport automobile grâce à une double compétence. Une première de distributeur avec des marques premium. Une seconde de fabricant avec la marque maison Burzet, du nom d’un petit village de l’Ardèche où passe le Monte-Carlo.
Pour coller aux besoins de ses clients, la société achète ainsi des enveloppes neuves premium et les rechape dans l’usine de son partenaire située en Italie. Par ce biais, elle recrée des références (homologuées pour la route), qu’elle cloute à la demande, et s’appuie sur une gamme allant de 13 à 19 pouces.
"Il y a un patrimoine d’anciennes sportives très important qui dorment dans les garages faute de pneus adaptés" fait remarquer le dirigeant. Et si l’idée d’Andrey Pneus fonctionne, c’est justement parce que la société s’est positionnée sur des segments de niche, avec des volumes à trop petite échelle pour intéresser des industriels. Son offre est ainsi à disposition de pratiquants roulant en rallyes, sur circuits ou dans des courses historiques. De prestigieux pilotes comme Guy Fréquelin ou Jean Ragnoti l’ont d’ailleurs adoptée.
Outre l’expertise de l’offre Burzet, Michel Andrey loue aussi sa grande réactivité avec une réponse possible dans la semaine pour certaines demandes. S’appuyant sur une base de clients extrêmement fidèles, le spécialiste réalise aujourd’hui un tiers de son activité grâce à sa propre marque et les deux tiers restant avec celles qu'il distribue. Avec tous ses atouts, Andrey Pneus repousse chaque jour un peu plus la retraite de son patron qui, porté par sa passion, en redemande encore !
Cet article est extrait du Journal du Pneumatique n°187 de novembre-décembre 2024.