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Innovation

Le GDSO veut créer un écosystème dédié à la donnée pneumatique

Publié le 13 juin 2024

Par Romain Baly
3 min de lecture
Emmenée par cinq manufacturiers, l'association Global Data Service Organisation (GDSO) ambitionne de fonder un environnement réglementaire, technologique et commercial uniformisé autour des puces RFID. Un véritable mouvement de fond dans lequel sont impliqués de nombreux acteurs de la chaîne de valeur du pneumatique.
Les avantages de la technologie RFID sont multiples pour le monde du pneumatique. Par ce biais, il est ainsi possible de suivre un produit tout au long de son cycle de vie. ©Continental

Le 6 juin 2024, à Paris, le Syndicat du Pneu organisait ses 5e Rencontres du Pneu. Un évènement semestriel qui ne cesse, édition après édition, de prendre de l'ampleur. Et ce nouveau rendez-vous est venu confirmer la dynamique en faisant la part belle à un sujet stratégique pour la filière. De nombreux représentants du secteur se sont pressés à l'Hôtel du Louvres pour écouter notamment des présentations portant sur la thématique des puces RFID.

Une vision à long terme

Une technologie bien connue de tous, dont les vertus sont désormais identifiées et qui n'a plus rien de réellement nouveau. Michelin l'a intégré dans ses enveloppes poids lourds depuis déjà une dizaine d'années. Avec un succès incontestable. Sauf que la démarche du Syndicat du Pneu allait beaucoup plus loin que la puce en elle-même et ses atouts pratico-pratiques sur le pneumatique. L'enjeu est ailleurs et nécessite de voir plus loin.

"Si on a voulu insister sur ce sujet, c'est parce qu'on pense que le monde du pneumatique doit prendre conscience des multiples avantages dans un futur proche de la RFID, développait en préambule Dominique Stempfel, président du syndicat. La technologie est connue des professionnels. Mais ce qu'on pourra en faire demain si elle est généralisée, si elle est davantage cadrée et si toute la chaîne de valeur s'appuie dessus, ça, beaucoup de gens vont le découvrir."

Suivre le pneu tout au long de sa vie

Basiquement, l'idée d'une puce RFID (radio frequency identification) est assez simple à comprendre. L'objectif consiste à suivre le pneumatique durant tout son cycle de vie, de sa conception à sa destruction ou sa valorisation, avec toutes ses informations essentielles. Les gestionnaires de flottes PL l'ont bien compris. Ce petit "bout de fer" intégré dans le flanc de l'enveloppe constitue un plus indéniable pour le suivi quotidien, les contrôles périodiques, les éventuels pépins, les phases de montage/démontage liées à du recreusage ou du rechapage, etc.

Sauf que, jusqu'à présent, aucune démarche globale n'a été initiée. Sur la phase amont, la connectivité n'est par exemple pas utilisée dans la R&D et la fabrication des pneus alors qu'elle pourrait servir à intégrer tout son ADN de conception (composants, matériaux…). Sur celle aval, l'apport de ces informations pourrait en outre optimiser le travail des valorisateurs qui auraient ainsi l'opportunité d'identifier tous les matériaux présents dans l'enveloppe. De quoi gagner en efficacité aussi de leur côté. Sur le plan commercial, là-encore, connecter le pneu pourrait permettre au revendeur ou au réparateur de connaître précisément tout son historique, de mieux identifier aussi les besoins du client et de lui proposer éventuellement des services associés.

Fédérer les compétences

Le champ de réflexion est immense. Pour accélérer cela, cinq manufacturiers se sont associés. En faisant cause commune, Bridgestone, Continental, Goodyear, Michelin et Pirelli ambitionnent de créer un écosystème homogénéisant et uniformisant les données liées aux puces RFID. Leur initiative a vu le jour il y a deux ans et a été baptisée GDSO pour Global Data Service Organisation. C'est à elle que revient le soin de faire de cette petite puce un grand acteur du pneu de demain.

Et parce que cette problématique ne peut se limiter à leur propre terrain de jeu, les fabricants, depuis rejoints par d'autres (Giti, Nexen, Prometeon, Sumitomo, Yokohama), ont ouvert le GDSO à de multiples partenaires. Pneumaticien (Euromaster), centre auto (Mobivia), grossiste (Distri Cash), pure player (Allopneus), éco-organisme (Aliapur), le spectre se veut complet. Mais il va aussi plus loin avec la participation de fabricants de matériel de garage, d'éditeurs d'ERP ou de spécialistes de puces RFID.

Volvo challenge les manufacturiers sur ce sujet

Présent à ces 5e Rencontres du Pneu, Christophe Duc, initiative leader RFID, mobilité connectée, services et solutions de Michelin, voit ainsi dans cette organisation une "plateforme collaborative" au sein de laquelle les fruits du travail commun "profiteront à tous". Pour ce dernier, représentant de Bibendum au GDSO, la pertinence de cette technologie n'est plus à prouver. "La RFID est éprouvée depuis longtemps dans le sport automobile. L'univers de la course à pied y a aussi recours pour les puces des coureurs. Dans la grande distribution, Décathlon ou Walmart l'ont intégrée dans leurs produits. C'est une solution qui a beaucoup de sens."

À condition, encore une fois, que tout le monde s'y associe et respecte les mêmes règles. Ce sur quoi le GDSO entend être le garant en plus de servir de laboratoire. Standardiser les données (70 informations ont été identifiées) tout en établissant des protocoles d'accès et d'échanges constituent d'autres défis majeurs à relever. Le chemin est encore long, tous le savent, mais les choses avancent. Nouvelle preuve du futur rôle clé de la RFID, Volvo contraint désormais ses partenaires manufacturiers à équiper les pneumatiques installés en sortie d'usine sur ses véhicules de ces fameuses puces…

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