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Marché

Aliapur toujours en quête de nouveaux débouchés

Publié le 14 février 2025

Par Romain Baly
2 min de lecture
Le spécialiste de la collecte et du recyclage des pneumatiques demeure année après année un maillon essentiel de son industrie. Si le rôle d’Aliapur pour gérer la prise en charge de la vieille matière est indéniable, son travail pour trouver de nouvelles pistes de valorisation l’est tout autant.
Aliapur a collecté 555 000 tonnes d’enveloppes usagées en 2024 dans l’Hexagone. ©Aliapur-Michel Djaoui

Comme le chantait France Gall, c’est peut-être un détail pour vous, mais pour eux, ça veut dire beaucoup… de contraintes et d’obligations, serait-on tenté de dire ! Depuis le 1er janvier 2024, Aliapur a vu son statut évoluer. Le spécialiste de la collecte et du recyclage des pneumatiques est passé d’éco-organisme à éco-organisme agréé par l’État. Un titre qu’il partage avec France Recyclage Pneumatiques et Tyval, ainsi que le CCCP, le Comité coordonnateur pour la collecte des pneumatiques.

Un changement qu’Hervé Domas, directeur général d’Aliapur au verbe aussi ciselé que l’analyse, a résumé de la sorte lors des sixièmes Rencontres Pneu & Innovation organisées par le Syndicat du Pneu : "Être un éco-organisme agréé signifie être beaucoup plus encadré par l’État avec tout ce que ça implique en termes de lourdeurs administratives."

Complexe sur ce point comme sur d’autres, le schéma de collecte des pneus est en outre l’un des plus vertueux qui soit. Le dirigeant le sait mieux que quiconque et ne loupe jamais une occasion de rappeler que le pneu tricolore a valeur d’exemple dans l’Hexagone et même bien au-delà quant à son savoir-faire pour gérer la vieille matière. En valorisant 100 % des pneus collectés et en générant ainsi une économie annuelle de 750 000 tonnes de CO2, la filière tricolore est l’une des plus performantes au monde.

La valorisation énergétique reste le principal débouché

En 2024, Aliapur a collecté 555 000 tonnes d’enveloppes usagées, soit le poids de 66 millions de pneus VL. Toutes les 40 secondes, un professionnel formule sur le territoire une demande de collecte. Fondé en 2003 et toujours détenu par Bridgestone, Continental, Goodyear, Michelin et Pirelli, Aliapur est plus que jamais un maillon essentiel pour tout son secteur.

Mais au-delà de la collecte et du recyclage, son travail tout autant que son expertise s’avèrent précieux sur un autre plan. Car récupérer cette matière usagée sans rien en faire derrière n’aurait aucun sens. Raison pour laquelle Aliapur ne cesse de trouver de nouvelles voies de valorisation. Plus que le réemploi, qui ne représente que 15 % des débouchés avec un marché de la seconde main et du rechapage évoluant cahin-caha, la valorisation énergétique constitue une piste beaucoup plus pérenne.

Plus de la moitié des pneus sont valorisés en combustible alternatif, très apprécié des cimenteries notamment. "Avec une composition chimique stable et une part de biomasse, le pneu est un atout pour réduire les émissions de CO2 dans ce secteur", étaye Hervé Domas.

Des recherches menées avec Eiffage

La valorisation de la matière demeure l’autre grand axe de développement pour les éco-organismes du secteur. Hormis les fibres textiles, jusqu’ici impossibles à retraiter, plusieurs éléments entrant dans la fabrication d’une enveloppe, tels que le caoutchouc ou l’acier, trouvent une nouvelle vie.

Toujours en quête de solutions inédites, Aliapur avance sur le recours aux granulats de caoutchouc dans les revêtements pour les pistes cyclables ou les enrobés bitumeux. L’organisme travaille notamment sur cette problématique avec le groupe Eiffage pour voir de vieux pneus transformés remplacer les cailloux qui représentent 90 % de la composition du bitume.

En parallèle, la pyrolyse, cette technologie permettant de récupérer du noir de carbone et des huiles issus des enveloppes usagées, présente également un réel intérêt. Concentré sur sa mission et confiant pour l’avenir, Hervé Domas s’en retourne avec une ultime boutade. "Si toutes ces pistes se concrétisent, nous manquerons de pneus usagés et il nous faudra alors recycler des neufs !"

 

Cet article est extrait du Journal du Pneumatique n°188 de janvier-février 2025.

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