Le marché passe le cap de l'inflation
Bonne nouvelle pour l'industrie tricolore du pneumatique. Le premier semestre 2023 s'est avéré plutôt dynamique. Les derniers chiffres d'Europool font état d'une dichotomie entre le sell in (mises sur le marché), où tous les éléments pointent dans le rouge, et le sell out (ventes aux utilisateurs finaux), où la demande est restée soutenue sur les six premiers mois de l'année.
Dans le détail, notons que le volume de pneumatiques TC4 écoulé sur cette période dans l'Hexagone s'est élevé à 7,730 millions d'unités. Une donnée en hausse de 2,5 % comparé au S1 2022. Le segment tourisme, principal pourvoyeur de ventes, a cru de 3,4 % à hauteur de 6,604 millions d'unités. Ceux des enveloppes 4x4/SUV et camionnette ont respectivement reculé de 3,5 et 1,7 %.
Un pneu coûte en moyenne 110 € en France
Côté prix, le Syndicat du Pneu analyse ces chiffres et indique que le pic de l'inflation semble désormais passé. "La décrue s'est amorcée dès janvier 2023", précise-t-il. Sur douze mois glissants, les tarifs moyens ont augmenté de 11,4 % sur l'ensemble du TC4. Une tendance qui se décompose de la façon suivante : +9,2 % pour pneus 4x4/SUV, +12 % pour ceux tourisme et +12,9 % pour ceux camionnette. Sur le dernier semestre, un pneu tourisme coûtait, en France, en moyenne 110 €.
Toujours sur le plan de l'inflation, ce phénomène a provoqué d'autres évolutions sur le marché. Les marques premium ont ainsi souffert de ces dernières années de crise. À fin juin 2023, leur part de marché s'élevait à seulement 50 %, niveau historiquement bas, avec une baisse de 3,2 %. Dans le même temps, les marques B (quality), détenues par ces mêmes manufacturiers premium, ont cru de 1,7 %. Mais les grandes gagnantes se trouvent ailleurs.
Le segment toutes saisons résiste à tout
Il s'agit en l'occurrence des marques budget dont les ventes se sont envolées de 21,4 % pour une PDM désormais établi à 19 points. Ces dernières profitent toujours d'un avantage prix substantiel pour conforter leurs positions. Les tradebrand, ou marques de distributeurs, n'ont quant à elle définitivement plus la cote en France avec une chute semestriel de 8,9 %.
Sur le plan de la saisonnalité, sans surprise, le segment toutes saisons continue de tracer son chemin. Ses ventes ont encore bondi de 30,7 % sur le S1 2023 pour un taux de pénétration évalué à 29 % en tourisme et 26 % en 4x4/SUV. Bien pilotée par les fabricant, cette technologie profite aussi d'une hausse de prix moindre.
Des ventes online très dynamiques
De quoi rendre un toutes saisons quasiment aussi cher qu'un pneu été avec un tarif moyen de 103 € pour le premier et de 101 € pour le second. Ce même segment été accuse un repli important sur la période (-5,7 %) alors que l'hiver s'est avéré plutôt très dynamique (+5,1 %).
Au niveau de la distribution, il est intéressant de noter que les six derniers mois ont davantage profité, sur la partie tourisme, aux ventes online qu'à celles offline. Les premières affichent un gain de 3,9 % contre 0,6 % pour les secondes. En revanche, les volumes générés par le web sur les segments 4x4/SUV et camionnette ont reculé (de respectivement 4,6 et 12 %).
La baisse des premium n'est pas inéluctable
Quid désormais du second semestre et du futur ? À court terme, le Syndicat du Pneu note que la loi Montagne a quelque peu chamboulé l'ordre établi du marché. Boostées par cette mesure, les ventes se montrent ainsi plus dynamique au second qu'au premier semestre avec des effets très perceptibles sur les quatre derniers mois de l'année.
Cette même loi Montagne offre aussi une autre lecture des tendances actuelles. La baisse constatée des marques premium ne semble pas inéluctable précise Dominique Stempfel. Pour le président du syndicat, cette mesure, associée au développement des pneus pour véhicules électriques, devrait permettre aux leaders du marché de récupérer des parts de marché avec des produits et des technologies que ne peuvent proposer les marques budget.