L'UE suspecte une entente sur les prix entre manufacturiers
La Commission européenne a annoncé mardi 30 janvier 2024 des inspections inopinées chez des fabricants de pneumatiques. Une initiative qui a lieu dans plusieurs pays européens. Bruxelles s'inquiète en effet d'une possible entente sur les prix en violation des règles de concurrence de l'UE.
Le manufacturier allemand Continental a rapidement confirmé être concerné par les investigations menées. "Des inspections des autorités antitrust sont en cours chez Continental en Allemagne", a déclaré un porte-parole du groupe à l'AFP.
Son concurrent finlandais Nokian a également reconnu être visé. "La Commission européenne a entamé aujourd'hui une inspection inopinée au siège de Nokian Tyres à Nokia, en Finlande", a-t-il écrit sur son site internet, précisant ne pas disposer d'informations sur l'issue de l'inspection et ne pas pouvoir faire de commentaire. "Nokian Tyres coopère pleinement avec les autorités", assure le groupe.
Michelin conteste vigoureusement
L'américain Goodyear fait aussi partie des entreprises suspectées. "Nos bureaux européens ont fait l'objet aujourd'hui d'inspections non prévues. Il est trop tôt pour spéculer sur ce qui a pu se passer exactement, mais nous coopérons pleinement", a expliqué à l'AFP un porte-parole.
Le français Michelin a également confirmé faire l'objet de ces mêmes contrôles. Le groupe conteste cependant "catégoriquement l'existence de pratiques anticoncurrentielles telles qu'évoquées par la Commission européenne dans sa communication de ce jour, et a fortiori toute pratique de coordination sur les prix", a indiqué un porte-parole du géant du pneu dans un message à l'AFP.
Même son de cloche chez son concurrent japonais Bridgestone. Ce dernier a confirmé qu'une inspection avait été menée à son siège pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique situé à Zaventem, en Belgique. "En tant qu'entreprise responsable qui s'engage à respecter des pratiques équitables et à faire preuve de transparence, Bridgestone coopère pleinement" aux investigations, a déclaré le groupe à l'AFP.
L'exécutif européen explique dans un communiqué craindre "qu'une coordination des prix ait eu lieu" entre ces entreprises et possiblement d'autres. Bruxelles précise que les produits concernés par les inspections sont des pneus neufs de remplacement pour les voitures particulières, camionnettes, camions et autobus vendus en Europe.
Une démarche qui ne préjuge pas de la culpabilité des manufacturiers
Lors des inspections menées le 30 janvier 2024, "les fonctionnaires de la Commission étaient accompagnés de leurs homologues des autorités nationales de la concurrence des États membres où les inspections ont eu lieu", est-il indiqué dans le communiqué qui ne cite pas non plus les pays concernés.
"Les inspections inopinées constituent une étape préliminaire dans toute enquête sur des pratiques anticoncurrentielles présumées. Le fait que la Commission procède à de telles inspections ne signifie pas que les entreprises soient coupables et ne préjuge pas de l'issue de l'enquête elle-même", a souligné la Commission, gardienne de la concurrence dans l'UE.
Une entreprise déclarée coupable peut se voir infliger une amende pouvant atteindre 10 % de son chiffre d'affaires annuel mondial. Aucun délai légal n'est fixé pour mener à bien ce type d'enquêtes. Sollicitées par l'AFP, les sociétés Pirelli, Hankook et Nexen n'ont pas immédiatement réagi. (Avec AFP)