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Marché

Pollution des pneus : 80 000 tonnes de particules toxiques libérées chaque année en France

Publié le 5 novembre 2025

Par Charlotte Morvan
2 min de lecture
Un rapport d'Agir pour l'Environnement pointe la dangerosité de centaines de substances chimiques présentes dans les pneus. Les industriels, par la voix du Syndicat du Pneu et de Michelin, reconnaissent l'enjeu et défendent leurs efforts pour réduire les émissions d'usure.
Invisible à l'œil nu, les particules issues des pneus contaminent sols, rivières et air, d'après un rapport de l'ONG. ©AdobeStock

Près de 80 000 tonnes de particules issues de l'usure des pneus se déposent chaque année le long des routes françaises. C'est la conclusion d'un rapport publié lundi 3 novembre 2025 par l'association Agir pour l'Environnement, qui alerte sur une "pollution invisible" menaçant l'air, les sols et les milieux aquatiques.

L'ONG a fait analyser la composition chimique de pneus provenant de six grandes marques européennes que sont Bridgestone, Continental, Hankook, Goodyear, Michelin et Pirelli. Résultat : plusieurs centaines de molécules détectées, dont 785 présentant, selon elle, de graves risques sanitaires et environnementaux.

"Nous avons notamment découvert 111 substances fortement toxiques pour les milieux aquatiques, 85 potentiellement mortelles en cas d'ingestion ou d'inhalation et 112 molécules cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques", détaille Stéphen Kerckhove, directeur général de l'association, interrogé par Le Parisien-Aujourd'hui en France.

Le Syndicat du Pneu reconnaît un impact réel

Contrairement à d'autres controverses environnementales, le Syndicat du Pneu ne conteste pas la réalité du problème. "Sur toute sa durée de vie, un pneu de voiture perd environ 2,5 kg de gomme et les douze pneus d'un poids lourd peuvent en rejeter jusqu'à 200 kg", explique Dominique Stempfel, son président.

Les conséquences ne se limitent pas à l'environnement : les producteurs de poissons et les maraîchers sont déjà concernés. "Des particules de caoutchouc ont été retrouvées dans des huîtres, admet le Syndicat du Pneu. Et des chercheurs suisses ont découvert des traces d'additifs issus de pneus dans 30 % des fruits et légumes consommés dans le pays."

Autre constat préoccupant : des études nord-américaines ont révélé une baisse de la fertilité chez les saumons exposés au 6PPD. Il s'agit d'un additif chimique utilisé pour ralentir le vieillissement du caoutchouc.

Michelin met en avant ses progrès techniques

Leader du marché en France, Michelin affirme avoir "toujours été favorable à l'établissement de seuils réglementaires d'abrasion". Le groupe revendique une réduction de 5 % des émissions d'usure de ses pneus entre 2015 et 2020. Il indique avoir engagé ses experts dans un programme de recherche avec le CNRS et l'université Clermont Auvergne sur la biodégradation des gommes.

Selon le Syndicat du Pneu, les ingénieurs travaillent désormais à concevoir des pneus plus endurants et émettant moins de poussière, certaines formules intégrant déjà des huiles d'origine végétale, issues de l'écorce d'orange ou du colza.

L'ONG réclame plus de transparence

En attendant l'émergence de ces nouvelles générations de pneumatiques, Agir pour l'Environnement appelle à un étiquetage européen précisant la toxicité chimique des pneus et à la levée du secret industriel sur leur composition.

"Les citoyens ont le droit de connaître la constitution exacte des produits qu'ils achètent et avec lesquels... ils s'empoisonnent", insiste Oliver Charles, coordinateur des campagnes transports de l'association.

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